Cœur-souche
Céramique, 2024/2025
Ce « coeur-souche » présentée en contrepoint de « Floraison intérieure » se dresse, indépendant, détaché de son buste.
Il prend ainsi toute sa charge symbolique : non plus seulement comme organe, mais comme noyau manquant, source isolée, matrice extérieure à ce corps végétal et vivant.
Ici, l’ enveloppe d’argile se transforment en surfaces minérales, envahies par la matière végétale et excroissances mystérieuses, tel des signes de vie qui se fraient un chemin.
Isolé du reste du corps, ce cœur devient alors une entité autonome, vulnérable et résiliente à la fois.
Une faille accidentelle court à sa surface, comme la mémoire d’une tension intérieure.
Fracture, presque émotionnelle, qui nous murmure l’impermanence des choses.
Floraison intérieure
Crayon blanc sur papier noir, 50 x 65 cm
Ce dessin représente une réinterprétation d’une coupe anatomique du buste humain, dont la structure interne se voit peu à peu colonisée, réinventée par la matière et le vivant. Fleurs, feuillages, lichens et anémones remplacent peu à peu les organes, fusionnant ainsi l’humain avec les autres règnes.
Le long des artères carotides s’épanouissent des espèces végétales endémiques de Nouvelle-Calédonie : le Syzygium acre, de la famille des Myrtacées, et Amborella trichopoda, plante primitive, trésor endémique considérée comme la plus ancienne lignée vivante des plantes à fleurs une « mère végétale » de la flore actuelle, apparue il y a environ 135 millions d’années.
À mesure que l’anatomie évolue, les poumons se métamorphosent en ruche, abri fertile pour les abeilles. Grandes pollinisatrices, elles symbolisent ici le travail commun, la persévérance et l’interdépendance des écosystèmes.
Elles invitent à reconsidérer la respiration comme un échange poétique : un passage entre l’extérieur et l’intérieur, entre l’intime et le monde.
Cette œuvre propose ainsi une vision poétique et engagée d’un corps habité par la mémoire du vivant. Elle évoque la respiration, la circulation et la reliance de l’être humain au reste du monde, comme si la biologie devenait un jardin, une archive de l’évolution.
Arbor spinalis
Crayon blanc sur papier noir, 50 x 65 cm
Ce dessin propose une vision anatomique réinventée de la colonne vertébrale humaine, hybridée à un écosystème floral. De la base sacrée du bassin jusqu’aux cervicales, la structure osseuse se transforme en un support de vie, traversée de ramifications végétales et peuplée d’oiseaux endémiques de Nouvelle-Calédonie.
Le Zostérops xanthochrous, appelé aussi Lunette à dos vert, à la silhouette vive et curieuse, cohabite ici avec le Myzomèle calédonien (Myzomela caledonica), petit oiseau nectarivore au rôle essentiel dans la pollinisation. Ces oiseaux, perchés, curieux, en vol ou butinant les fleurs, animent cette colonne arboriforme.
La flore représentée, inspirée des Myrtacées, semble croître des os eux-mêmes. Cette greffe imaginaire suggère une interconnexion organique entre l’humain et son environnement. L’anatomie devient alors une structure fertile, capable de soutenir et nourrir le vivant.
Les graines allongées disposées à la base du sacrum inspirées de celles des palétuviers prolongent ce corps végétal. Transportées par les courants avant de s’ancrer dans le substrat sablo-vaseux des mangroves, elles évoquent ici l’idée d’un enracinement lent, d’une capacité à prendre vie ailleurs. Le squelette devient ainsi une architecture féconde où la vie s’installe, et circule.